Mathilde Kero

Les burons, petits habitats de montagne, étaient utilisés par les agriculteurs emmenant leurs troupeaux sur les sommets des montagnes, pendant la période de transhumance. Ces habitats vernaculaires avaient plusieurs usages: héberger les buronniers, produire et affiner le fromage Cantal.

Depuis quelques décennies, les burons sont délaissés par leurs propriétaires, et tombent en ruine. Ce patrimoine rural emblématique de la région est à sauvegarder, mais la rénovation à l’identique de ces habitats est très onéreuse et n’est donc pas viable.

Pour préserver ces habitats, le projet tend à proposer un protocole de réhabilitation, économiquement viable, où de nouveaux programmes en lien avec le tourisme viendront s’implanter afin d’apporter un financement au projet.

Ce protocole vise à créer une stratégie d’intervention adaptable et applicable à tous ces habitats. De nouvelles structures habitables sont crées afin d’y loger les nouveaux programmes. Ces interventions sont réversibles, et ne s’appuient pas sur la structure existante, la ruine est figée dans son état actuel.

Après avoir réalisé le protocole d’intervention, deux applications ont été développées, à partir des états C2 et C4.

Le buron de Grandval, réhabilité en gîte d’étapes, va offrir aux randonneurs une pause, le temps d’une nuit, un point d’étapes sur leur chemin. L’intervention est localisée au centre du buron, sous la ruine, afin de bénéficier du plus de lumière naturelle possible.

La nouvelle toiture vient signifier sobrement l’implantation du gîte depuis l’extérieur, avec une empreinte minimale sur le paysage environnant.

Cette nouvelle structure agit comme une boîte dans la boîte, bien isolée afin de protéger les randonneurs des températures fraîches nocturnes. Un dialogue vient être créé entre l’enveloppe vernaculaire du buron et la nouvelle structure habitable, les matériaux faisant écho à ceux utilisés pour les habitations cantaliennes traditionnelles.

Le buron d’Encloux, réhabilité en commerce, propose un espace où les randonneurs pourront s’arrêter pour découvrir et déguster les nombreux produits locaux emblématiques qu’offrent la région. L’intervention apparaît comme une greffe, respectueuse de l’existant.

Cette nouvelle intervention est plus poreuse que la précédente, la nécessité içi est de laisser un espace dégagé afin que les visiteurs puissent contempler le paysage. Le volume hébergeant vient se dissocier de la toiture, qui elle agira comme une couverture protégeant l’intervention et les randonneurs des intempéries.

Le volume n’ayant pas besoin d’être isolé comme le précédent, la structure porteuse est laissée apparente depuis l’extérieur, créant une trame qui va venir rythmer les surfaces du volume.

Le projet fait apparaître une symbiose intervenant entre deux éléments: un existant venant être protégé par une nouvelle intervention, et des structures venant se nourrir de l’existant, de l’histoire du bâtiment et de toutes ses failles sur laquelle elles s’implantent pour exister.

L’existant et les nouvelles structures viennent se nourrir mutuellement pour proposer de nouvelles manières d’habiter ces burons, créer une intervention cohérente dans le territoire et contribuer à préserver ces « mémoires d’estives ».